Saint-Eugène-Sainte-Cécile

4 Rue du Conservatoire, 75009 Paris
Construction : 1854 / 1855

L’extérieur est assez simple, presque banal, mais il ne s’agit que d’une enveloppe de pierres. Toute la structure de l’église est métallique, et elle apparaît complètement à l’intérieur.

Du néogothique en fonte et en fer

L’architecte Louis-Auguste Boileau avait travaillé auparavant à la construction du magasin « Le bon marché », le premier grand magasin de Paris, qui disposait aussi d’une structure métallique. Cependant, c’est la première fois que cette architecture est utilisée pour une église.

Pour ne pas trop dérouter le public, Boileau a parfaitement imité les églises gothiques avec leurs arcs brisés et leurs voûtes en ogive. Les arcs en fonte remplacent simplement les nervures en pierre.

Photo : Mossot (Wkp) / Licence CC BY 3.0

Sur certains points, la structure métallique permet d’aller un peu plus loin que l’architecture gothique en pierre. Par exemple, les piliers sont très fins, ce qui permet de donner une forte impression d’élancement et de décloisonner totalement l’espace. Quel que soit l’endroit où l’on se situe, on peut embrasser du regard l’ensemble de l’église.

Une histoire d’argent

Cette construction n’est pas motivée par le goût de l’innovation, en tout cas pas principalement. La question financière est bien plus centrale.

Sous le Second Empire, l’Etat autorise et subventionne la construction des églises. Mais il des centaines de lieux de culte doivent être construits ou rénovés à travers la France, et le soutien est donc limité. Pour les paroisses qui ne disposent pas d’un éventail de donateurs fortunés (ce qui est le cas ici puisqu’il s’agissait plutôt d’un quartier populaire), la question du coût est absolument centrale.

La structure métallique permet une économie considérable. Outre le fait que le matériau lui-même est bien moins cher que la pierre de taille, sa légèreté permet de se passer des contreforts et arcs-boutants, mais aussi de réduire les besoins de fondations et la couverture. Par rapport à des églises équivalentes, le coût est divisé par quatre environ.

En plus, il permet de gagner de la place et de diminuer le temps de construction qui ne sera que de 20 mois pour cette église.

Esthétique

Cette structure métallique visible ne nuit pas à l’esthétique du lieu, bien au contraire. Un décor peint, polychrome, souligne habilement la structure et la met en valeur.

Mais surtout, l’église dispose de vitraux remarquables, qui imitent le style médiéval avec une qualité étonnante.

Vitraux du chœur. Photo : Miguel Discart (Fkr) / Licence CC BY-SA 2.0

Critiques

Cette construction fut assez sévèrement critiquée. Ses opposants défendirent l’idée que l’architecture gothique n’avait de logique que pour répondre aux défis d’une construction en pierre. En d’autres termes : si les constructeurs gothiques avaient eu le métal à leur disposition, ils n’auraient pas fait du gothique. Il n’y avait donc aucune logique à reprendre l’architecture gothique avec un autre matériau.

Surtout, le métal a longtemps été rejeté car il n’était pas considéré comme un matériau suffisamment noble pour une église. Ainsi, si bien d’autres lieux de culte par la suite profiteront d’une structure métallique, celle-ci sera généralement masquée. L’église de la Sainte Trinité en est un bon exemple.

L’église ne bénéficia d’ailleurs d’un classement complet parmi les monuments historiques qu’en 1983, ce qui montre que ce type d’architecture mis beaucoup de temps à être reconnu.

Pour aller plus loin

Les constructions d’églises sous le Second Empire : architecture et prix de revient

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