Paris et ses 4 arcs de triomphe
L’arc de triomphe de la place de l’Etoile, en haut des Champs-Elysées, est mondialement connu. Mais ce monument issu de la tradition antique (les Romains en ayant planté un peu partout) est en fait bien plus fréquent à Paris qu’on ne le croit.
Les portes St-Martin et St-Denis, hommages à Louis XIV
Les deux premiers arcs sont situés à la lisière du 3ème arrondissement. Il s’agit des portes Saint-Denis et Saint-Martin qui ont été construites dans les années 1670.
A cette époque, Louis XIV, sûr de sa puissance militaire et de l’efficacité de sa stratégie de défense aux frontières, fait raser les fortifications autour de Paris. Elles sont remplacées par des embellissements qui vont donner un côté spectaculaire à l’entrée dans la ville. D’autres portes, assez proches de celles-ci, sont ainsi construites ou mises en projet, mais elles ne parviendront pas jusqu’à nous.
L’iconographie est d’ailleurs toute à la gloire de Louis XIV. Ainsi, par exemple, si l’on regarde la porte St-Martin depuis la rue Saint-Martin (dos au centre de Paris), on voit à gauche un bas-relief représentant le 10ème des 12 travaux d’Hercule (Hercule terrassant Géryon). Mais cet Hercule, à demi-nu, tenant fièrement une massue, porte aussi une perruque . C’est donc bien Louis XIV qui est représenté ici, avec toute la modestie qui le caractérise. La sculpture évoque en fait de façon allégorique la rupture de la Triple-Alliance pendant la guerre de dévolution.
L’arc de triomphe du Carrousel
L’arc suivant apparaît un peu isolé, entre le Louvre et le jardin des Tuileries. Au moment de sa construction, en 1806, le Palais des Tuileries, résidence de l’empereur, est encore debout. L’arc de triomphe du Carrousel en constitue alors une entrée monumentale (le Palais des Tuileries sera incendié en 1870).
L’arc célèbre la grande Armée et les victoires obtenue par Napoléon lors de la campagne qui vient de s’achever à Austerlitz. Des bas-reliefs représentent différentes batailles et, dans le prolongement de chaque colonne, apparaît un soldat de la grande Armée (un chasseur de cavalerie, un grenadier, un canonnier, etc).
L’arc possède des ouvertures sur ses 4 faces (pour briller en société, vous pouvez donc dire qu’il s’agit d’un arc tétrapyle) et possède à son sommet un magnifique quadrige (char à 4 chevaux), entouré de deux Victoires en plomb doré.
L’arc de triomphe de l’Etoile
Changement complet de dimensions pour le dernier arc de triomphe, le plus connu, situé sur la place Charles de Gaulle. Il s’inscrit dans un carré d’environ 50 mètres de côté. On pourrait facilement y faire tenir les trois précédents !
Comme celui du Carrousel, il devait mettre en valeur les victoires militaires de Napoléon Ier et la Grande Armée. Il est commencé la même année, en 1806, mais la construction d’un édifice de cette ampleur ne va pas de soi. En 1815, lorsque Napoléon est exilé, l’arc n’est édifié que jusqu’aux voûtes et il reste ainsi, pendant de nombreuses années, à l’abandon.
C’est sous Louis Philippe que les travaux se terminent. La France a alors connu la Restauration de la monarchie, puis une révolution en 1830. L’heure est davantage à l’union nationale. L’iconographie du monument est revue, dans un sens plus englobant. Ainsi sur les piliers, on trouve 4 haut reliefs qui couvrent des époques différentes :
- Le chef d’œuvre de François Rude appelé le départ des volontaires en 1792 (ou la Marseillaise), qui met en valeur l’union nationale pendant la Révolution
- Le triomphe de 1810 et la Résistance de 1814, qui vantent les batailles napoléoniennes
- La paix de 1815 qui fait référence à la paix qui suit la défaite de Napoléon.
Bonus : l’arc de triomphe de la place de la Nation
Napoléon Ier étant associé à la place de l’Etoile, Napoléon III projetait d’imiter son oncle en créant une place symétrique à l’est de Paris. Dans ce but, un arc de triomphe est envisagé. Mieux, une version provisoire est installée comme le montre cette photo sur laquelle on voit en arrière-plan la barrière du Trône.
Il s’agissait donc une version très inspirée de l’arc du Carrousel, mais il n’y aura pas de version définitive.
Pour terminer, on pourrait aussi citer l’arche de la défense, construite en 1989 sur le territoire de la commune de Puteaux. C’est une reprise moderne de l’arc de triomphe qui montre que ce thème est loin d’être épuisé.