L’Egypte à Paris
La civilisation égyptienne a depuis longtemps suscité l’intérêt d’une partie de la population parisienne. A partir du XIXème siècle, cet intérêt évolue vers une véritable égyptomanie, dont on trouve de nombreuses traces dans les rues de la capitale.
Un intérêt ancien de l’élite pour l’Egypte
Avant la Révolution, une partie de la population parisienne fait déjà preuve d’intérêt pour la civilisation égyptienne, connue par les récits des voyageurs. Cet intérêt peut correspondre à un goût pour l’exotisme, pour le pittoresque, ou à une recherche ésotérique. Dans ce qui était la propriété du duc de Chartres et qui est aujourd’hui le Parc Monceau, on trouve ainsi une pyramide et un sarcophage. Il y avait même un obélisque dans le bassin de ce parc.
Une nouvelle vague avec la campagne de Napoléon
On change de dimension à partir de 1798, avec la campagne militaire menée par Napoléon en Egypte. Le futur empereur embarque environ 150 civils avec lui : des ingénieurs, des scientifiques et des artistes. La campagne militaire se termine par une capitulation, mais les découvertes scientifiques et le travail des artistes, abondamment relayés en France, éclipsent complètement cet échec.
Dans la foulée, plusieurs rues « s’égyptianisent » en l’honneur de ce pays et des événements marquants de la campagne. On retrouve ainsi dans le 2ème arrondissement les rues du Caire, du Nil, des Pyramides, ou d’Aboukir. Il n’y a pas particulièrement de témoignages égyptiens dans ces rues, sauf avec cet immeuble, place du Caire, qui combine allégrement des éléments égyptiens (hiéroglyphes, statues à l’effigie de la déesse Hathor, chapiteaux de colonnes en forme de lotus) avec des éléments gothiques et renaissance.
On retrouve une inspiration égyptienne à d’autres endroits, comme dans le 7ème arrondissement, avec la fontaine du Fellah, édifiée en 1806. Au centre, se trouve une statue grandeur nature d’un fellah (paysan), encadrée d’une arche qui évoque l’entrée d’un temple égyptien. En haut, l’aigle impérial de Napoléon remplace cependant astucieusement le traditionnel disque solaire.
Sous le 1er empire, on va jusqu’à associer la ville de Paris au culte d’Isis, comme le montre ce blason où la déesse égyptienne est représentée sur la proue du bateau des Nautes.
Des rappels réguliers au gré des découvertes
Au cours des années suivantes, l’intérêt pour l’Egypte est régulièrement relancé. Il se renouvelle ainsi en 1822 avec les découvertes de Jean-François Champollion sur les hiéroglyphes. Les fouilles archéologiques, et les achats qui sont effectués alors, permettent l’arrivée de 9000 œuvres égyptiennes au Louvre entre 1824 et 1827, ce qui entraîne la création d’un département complet consacré à l’Egypte (et, bien plus tard, la construction d’une pyramide au centre de la cour Napoléon).
Cette nouvelle vague se voit aussi dans l’espace public avec l’arrivée de l’obélisque sur la place de la Concorde en 1836. Le transport de ce monument est un exploit technique, et son installation est suivie par 200 000 Parisiens.
En 1858, Napoléon III, qui a à cœur de mettre en valeur les monuments créés par son oncle, restaure La fontaine du palmier, située place du Châtelet, et dote le bassin de quatre sphinx.
Avec la découverte du tombeau de Toutankhamon en 1922 (et la malédiction associée), l’Egypte est vue comme une terre d’aventure. Elle devient alors un objet littéraire et cinématographique de premier plan. Assez logiquement, c’est donc un cinéma qui clos ce tour d’horizon : le Louxor. Toujours en activité, il a été construit en 1921, avec sa décoration égyptienne, tantôt réaliste (certains éléments sont des copies), tantôt fantasmée.
Pour en savoir plus
- L’égyptomanie remonte au XVIe. Interview de Jean-Marcel Humbert, historien et conservateur général du patrimoine pour le journal Libération.
- Le Parc Monceau, mémoire d’une folie. Article du site jardinsdefrance.org